Un an plus tard
Eden
— Miss Eden ! Miss Eden ! Miss Edeeeennnn !
N’en déplaise à Carly, qui se démène avec ses pinceaux pour faire mon maquillage, je baisse la tête vers Bailey.
— Tu sais que tu peux m’appeler juste Eden, hein ?
La petite fille blonde hausse les épaules, se rapprochant encore plus de nous. Le soupir que laisse échapper Carly semble indiquer qu’elle n’hésiterait pas une seule seconde à la dégager d’un coup de talons aiguilles ; alors je pose une main sur son avant-bras pour lui faire signe de se reculer, afin que je puisse soulever Bailey dans mes bras pour l’asseoir à côté de moi sur l’immense lavabo des toilettes de la patinoire. Au moins, elle ne sera plus dans les pattes de Carly, qui commence à perdre patience. Il faut dire que c’est la troisième fois que Bailey l’interrompt depuis que nous avons commencé, et que notre timing est serré.
— Je sais, me dit-elle en haussant les épaules. Cole m’a dit que j’étais pas obligée, même quand t’es à la maison. Mais c’est comme ça que les autres t’appellent. Et moi, j’aime bien. Je trouve ça chic. C’est la maîtresse qui nous a appris ce mot.
Ça fait maintenant quelques mois que j’ai repris, des mains de Charlie, l’entraînement des groupes Juniors et Espoirs de patinage artistique, et depuis, je suis devenue « Miss Eden » pour tout le monde. Il arrive même à Holden de m’appeler comme ça, juste parce que ça l’amuse. Maintenant, ce n’est plus du surnom « Edou » dont je dois me méfier avec Rafael, mais bien de mon nouveau titre, qu’il n’arrive pas à lâcher entre le moment où je lui donne des ordres sur la glace et celui où l’on rentre à la maison.
Je n’ai pas abandonné ma carrière de patineuse, mais je ne ressens plus le besoin de m’y accrocher avec la même ferveur qu’avant. Je n’entretiens plus le même rapport avec mon sport. Je continue de m’entrainer, et je participe à quelques compétitions de temps en temps, mais j’ai laissé tomber le rêve de la médaille olympique. Pas parce que je m’en sentais incapable, mais parce que j’ai réalisé que je me sentais plus heureuse encore à l’idée d’enseigner ce que je sais. J’avais beau le nier, je prenais – et prends toujours – un plaisir monstre à entraîner Cole. Quand Rafael et Bailey se sont ajoutés à l’addition, il ne m’a fallu que quelque temps avant de proposer à Charlie de devenir l’entraineuse en chef des groupes Junior, puis Espoir, une responsabilité qu’elle m’a accordé avec un grand sourire.
Avant, je me prouvais ma propre valeur à travers des médailles et des trophées. Maintenant, ce sont les étoiles dans les yeux de Raf, Bailey et les autres enfants quand ils me regardent patiner qui me comblent de bonheur.
— Ferme les yeux, m’ordonne Carly. Et baisse un peu la tête vers moi. Voilà. Non, attends. Plus vers la lumière. Voilà.
Ses doigts posés sur mon menton, elle bascule ma tête d’un côté et de l’autre à sa guise.
— Est-ce que moi aussi, je serai maquillée comme ça, au gala ?
— Bien sûr, je lui réponds. Tu seras même encore plus belle.
— C’est bon, tu peux ouvrir les yeux, m’indique Carly. Si tu arrêtes de la déconcentrer, je peux même te promettre de te maquiller après le match, propose-t-elle à Bailey. Mais seulement si tu promets de te taire.
Un petit rire m’échappe tandis que Bailey hésite un instant avant d’accepter. Les paillettes, ça marche à tous les coups.
— T’as un vrai problème avec les gosses, Carly, soupire Lexie en débarquant dans les toilettes et en s’adossant contre une des cabines.
— Dit celle qui a laissé son petit frère pourrir dans un placard pendant des heures pendant une partie de cache-cache, rétorque la blonde. Et me dis pas que c’est parce que tu savais pas où il était, parce qu’il se cachait toujours au même endroit.
Lexie sourit à ce souvenir avant de répliquer :
— Eh, t’étais dans le coup, je te rappelle !
Carly semble réfléchir un instant, un pinceau glissé entre ses lèvres teintées de rouge, avant d’admettre :
— Hmm. C’est vrai que c’est peut-être moi qui t’ai convaincue de te casser, maintenant que tu le dis.
Carly pose une main sur la jambe que je ne cesse de balancer nerveusement, me réprimandant du regard. J’ai dû lui mettre des dizaines de coups de pied depuis qu’elle a commencé à me maquiller. Elle a beau m’arrêter à chaque fois, je ne peux pas m’en empêcher. Ma nervosité menace de me ronger de l’intérieur. Je ne peux pas me permettre de le montrer face à Bailey, mais chaque seconde qui passe ajoute un poids en plus dans ma poitrine.
Un poids qui achève de me couper le souffle lorsque Holden passe la tête à l’intérieur pour annoncer :
— Leur bus vient d’arriver. Cole et Adam ont dû rejoindre leur coach. Mais t’inquiète, Eden, Lexie et moi, on a regardé Mr. et Mrs. Smith à notre dernière soirée ciné, on est calés pour te protéger.
— Tu te penses à la hauteur de Brad Pitt ? ricane Lexie en s’approchant de lui.
— Carrément. Et toi, Lexie Baby, tu es parfaite pour une tueuse à gage. Ils auraient dû te prendre toi. Allez, viens, Rosie nous attend dehors.
Avant qu’elle ne puisse protester, il l’attrape par le poignet et la tire hors des toilettes.
— Ça va, Miss Eden ?
La voix de Bailey me semble lointaine. Trop lointaine. Il faut que je me reprenne.
— Oui, ça va, Miss Eden ? intervient Carly en me pinçant la cuisse pour me ramener à la réalité. Respire, ma belle. J’ai pas mis assez de fond de teint pour cacher ton teint bleuté si t’arrêtes de respirer maintenant. S’il te plaît, reste avec moi, j’ai pas envie de me faire tuer par Miller. Cela dit, je doute que ce soit moi qu’il ait prévu de tuer ce soir…
Je laisse échapper un grognement qui la fait sourire. C’est justement l’une des raisons pour lesquelles j’appréhende autant ce match, et elle le sait parfaitement.
Ce soir, l’équipe d’Ashburn rencontre à nouveau celle de Baltimore, et les images de ce qui s’est passé l’année dernière ne cessent de s’imprimer sur mes rétines. Chad ne devait pas être là. Ash et Cole avaient réussi à le faire bannir de l’équipe. On en était persuadés, en tout cas. Jusqu’à ce que leur coach ne leur délivre la liste des joueurs adverses et que le nom de Chad y soit inscrit noir sur blanc. C’est grâce à la générosité de ses parents, j’imagine. Avec assez d’argent, on peut avoir accès à tout, même aux endroits où l’on ne veut plus de nous. Tout le monde peut être corrompu, apparemment. Même les coachs de hockey.
Comme si Chad avait conservé sa présence insidieuse dans ma vie, il fut donc la raison de notre première vraie dispute avec Cole, après que l’on eut découvert son retour dans l’équipe. Avant même le début de la saison, il avait été convenu avec la patinoire que je fasse l’ouverture d’une dizaine des matchs de cette saison pour récolter des dons. Dont ce match. Dont ce soir. Cole ne voulait pas que je sois là et moi… j’ai refusé de me défiler.
Il ne voulait pas que l’épisode de l’an passé se répète. Moi, je refusais d’admettre que Chad avait encore – a encore – une emprise sur moi. Il faut que je m’en déleste, une bonne fois pour toutes. C’est son insistance et mon entêtement qui ont causé notre premier conflit, qui n’a duré que quelques heures avant qu’il ne m’envoie une « marche à suivre le soir du match ».
1. Ne JAMAIS rester seule.
2. Après la routine, rejoindre le banc des joueurs d’Ashburn (le coach a été prévenu, Adam s’en est occupé).
3. Tout donner pendant ta routine pour lui montrer qu’il ne t’a pas brisée et que tu es plus forte que jamais.
Un sourire aux lèvres, j’avais accepté, tout en lui envoyant sa marche à suivre pour ce soir :
1. Ne pas tuer le numéro 12 de Baltimore. Ne pas se battre avec lui.
2. Faire en sorte de les écraser quand même. Gagner à tout prix.
3. Mais ne pas tuer Chad. Surtout ne PAS se battre avec Chad.
4. Se tenir loin du numéro 12 avec écrit « Martins » au-dessus.
Étrangement, il a été plus difficile que moi à convaincre. Et je suis presque certaine que, malgré son accord, il va se retrouver dans la cage des pénalités bien trop tôt.
— Vous avez fini ?
La voix de Charlie résonne dans les toilettes, et le regard qu’elle pose sur moi me rassure. Charlie est ma constante. Elle était là à Baltimore, quand la glace s’est dérobée sous mes pieds et m’a engloutie tout entière, et elle est là ici, maintenant, alors que je la reconquiers un peu plus chaque jour.
— Ouais, je souffle. Ouais, je suis prête.
— OK, parfait. La rouquine et le petit couple chelou sont partis s’installer avec tes parents.
— Holden et Lexie ? l’interroge Carly en arquant un sourcil.
— Ouais, je crois. Ils étaient en train de s’embrouiller sur un truc, comme quoi elle allait lui fourrer sa bague lune dans le nez si…
— Oui, c’est bien eux, je souris. Pas de doute.
Charlie s’éclipse en me disant de la rejoindre près de la glace, tandis que Carly s’empresse de ranger son matériel. Bailey glisse sa main dans la mienne alors que nous sortons des toilettes, se colle à mes jambes en sautillant, comme elle en a l’habitude, et Carly s’accroche à mon bras, de l’autre côté.
— Surtout, si on croise quelqu’un que je dois éliminer, tu me le dis, me glisse-t-elle. J’ai mis mes talons les plus pointus. Mais ils coûtent cher, alors choisis bien ta victime.
— Je ne crois pas que tu vas en avoir besoin.
Au moment même où j’achève ma phrase, le destin me prouve le contraire : Sierra passe les portes de la patinoire, accompagnée d’autres élèves dont je reconnais les visages. En constatant que je nous ai forcées à nous arrêter, Carly suit mon regard.
— Oh, c’est elle, siffle-t-elle.
Elle s’apprête à foncer vers la deuxième raison de tous mes cauchemars, mais je la tire en arrière et la force à reprendre notre chemin vers la glace, même si tourner le dos à Sierra, me donne des sueurs froides.
— T’es trop mature pour moi, Eden, bougonne la blonde lorsque je la pousse dans les escaliers. Je l’aurais défoncée.
— Et au passage, tu aurais aussi traumatisé la petite sœur de mon copain. Non merci.
— Oh, pitié, son grand frère est un hockeyeur, elle a vu pire.
Nous nous séparons de Carly en chemin pour qu’elle puisse rejoindre les gradins, tandis que Bailey et moi, prenons la direction des entrées près de la glace, où sont réunis une partie des enfants que j’entraîne, déjà prêts pour leur mission : récolter les dons qui seront lancés sur la glace après ma routine. Parmi eux, mon petit frère, Rafael, qui nous accueille avec un grand sourire, qui aurait sûrement été adorable, si seulement il n’était pas en train de se trifouiller le nez.
— Raf n’est pas chic, me fait remarquer Bailey en le pointant du doigt.
— Non, c’est vrai, je grimace. Mais tu l’aimes quand même ?
La petite fille hausse les épaules avant de déclarer :
— Oui, il est gentil.
Sur ce, elle lâche ma main et s’empresse de rejoindre mon frère.
— C’est pas sympa de me laisser gérer tes trolls, me reproche Charlie. Mais bon, comme c’est pour entrer dans ta Revenge era, je te pardonne.
— Ma quoi ?
— Ta Revenge era, répète-t-elle en se postant devant moi pour s’assurer que je la regarde dans les yeux, comme elle le fait, chaque fois qu’elle cherche à me motiver avant une compétition. Tu vas aller au centre de cette aréna et leur montrer. Leur montrer qu’ils n’ont rien brisé. Qu’ils ne t’ont pas affectée et que tu es plus heureuse et plus forte que jamais. Tu vas prendre ta revanche, quoi.
Un goût d’amertume se répand dans ma gorge, et vient démentir les paroles de Charlie. Elle a tort. Ils m’ont brisée. C’est un fait. J’en ai les preuves sur mes poignets, que je n’arrête pas de toucher depuis que mon regard s’est posé sur Sierra.
Comme si elle pouvait lire dans mes pensées, Charlie pose ses mains sur mes épaules et
renchérit :
— En te voyant briller, ils comprendront que c’est eux les sous-merdes de l’histoire, et qu’ils l’ont toujours été. Un jour, tu les oublieras. Mais tu vas faire en sorte qu’eux, ils n’oublient jamais la routine que tu t’apprêtes à faire. Cette routine qu’on a répétée ensemble. Tu as choisi cette musique pour une raison, non ?
Oui, j’imagine. Maintenant qu’elle le souligne, j’ai choisi, malgré moi, une chanson qui souligne ma rédemption et ma volonté de tourner la page sur eux, sur Chad, sur Sierra, sur Baltimore, sur toute cette période de ma vie. Peut-être que Charlie a raison. Au fond de moi, j’ai besoin de leur montrer que je suis loin d’être l’Eden qu’ils ont rendue misérable à Baltimore, d’être celle qu’ils prenaient un malin plaisir à tourmenter.
— Le match est censé commencer dans une quinzaine de minutes. Tu rentres sur la glace par l’accès du fond, ce soir.
— Mais c’est là que les hockeyeurs…
Je m’arrête avant même de terminer ma phrase. Bien sûr. Cole.
Je laisse Charlie me prendre dans ses bras et me souhaiter bonne chance avant de faire le tour de la glace et de me diriger vers l’endroit où les hockeyeurs d’Ashburn feront leur entrée avant le match – et moi aussi, apparemment. Comme je m’y attendais, Cole y est déjà, appuyé contre le plexiglass.
— T’as pas un discours motivant d’Adam à écouter, toi ? Des consignes de ton coach ?
— Non, mais j’ai une copine têtue à surveiller, rétorque-t-il, en passant un bras autour de mes hanches pour me rapprocher de lui. En plus, ma coach préférée est là. Et elle m’a déjà passé ses consignes.
Ça, c’est quelque chose que je ne peux pas nier.
Il porte déjà son équipement, sauf son casque, qui est posé à ses pieds. Il est déjà plus grand que moi en temps normal, mais avec ses épaulières et ses patins, j’ai l’impression qu’il va m’engloutir tout entière lorsqu’il se penche vers moi.
— Et tu vas les écouter. Je suis sérieuse, Cole. J’ai pas envie que tu te blesses à cause de moi. Il n’en vaut pas la peine.
— Je sais, grogne-t-il. J’arrive juste pas à accepter qu’il ait pu retourner dans l’équipe, alors qu’on s’était assurés, avec Ash, que son entraîneur sache ce qu’il t’a fait. Ça me rend fou.
— Je sais. Moi aussi. Mais tu ne peux pas changer ça. Au contraire, il y a plus de chances que ce soit toi qui te fasses virer de l’équipe si tu commences à te battre avec lui. Alors assure-toi de le battre… autrement. Avec un score. Pas avec tes poings. Ça, par contre, c’est important. Si Baltimore gagne, je romps avec toi et je coupe les ponts avec Adam.
Il esquisse un sourire, et mon cœur fait aussitôt un salto arrière dans ma poitrine. Je crois que je ne m’y habituerai jamais, et je n’en ai aucune envie. J’espère qu’il continuera de le faire éternellement.
— Ah ouais ? C’est comme ça que ça va se passer ?
— Exactement. Ça te motive ?
— Beaucoup.
Dès qu’il se penche davantage encore pour m’embrasser, je réalise que Charlie avait raison. Ils n’ont rien brisé en moi. Et même s’ils l’avaient fait, le garçon juste en face de moi a tout réparé dès qu’il est entré dans ma vie. Il a pris chaque morceau de mon cœur et a rafistolé tout ce que Chad et Sierra avaient anéanti.
— Putain, t’es là ! s’exclame Adam dans notre dos, nous forçant à nous séparer. T’as de la chance que je sois un capitaine et un meilleur ami assez exceptionnel pour pouvoir te couvrir, parce que le coach est furax que t’aies disparu.
Sur un tout autre ton, il se tourne vers moi, tout sourire :
— Ça va, Eden ? Prête ?
Je n’en suis pas certaine, mais je ne vais pas faire marche arrière maintenant. C’est ma chance d’effacer l’Eden vulnérable dont Chad et Sierra se souviennent, celle qu’ils ont créée, et je vais la saisir. Je ne suis plus vulnérable. C’est moi qui détiens le contrôle, maintenant. Ils ne peuvent plus me prendre ça. Ils ne peuvent plus rien me prendre. Et je vais le leur montrer.
Comme pour lui répondre à ma place, les lumières se tamisent sur la glace. C’est le signal que Charlie et moi avons mis en place. On a tout prévu. L’animateur annoncera mon nom, ma présentation, mais je n’apparaîtrai pas tout de suite. La musique commencera avant que je ne mette un pied sur la glace, accompagnée d’un jeu de lumières, qui ne me révèleront qu’au bout de longues secondes, avec mon premier saut. Il faut voir grand, Eden. Voir grand ou abandonner.
— C’est mon signal, je lâche, mon regard cherchant immédiatement celui de Cole. Ça va bientôt être à moi.
— Ça va aller, s’empresse-t-il de dire. Tu vas tous les impressionner et briller, comme toujours. Et amuse-toi. C’est important.
Le présentateur commence à dire au public de se préparer, de prendre place pour la première partie du match. Malgré la lumière tamisée, en m’avançant un peu et en jetant un œil sur les gradins, j’arrive à apercevoir tous les autres : Lexie, Holden, Carly, Roseline, et ma famille. Ils sont tous là. Ils sont bien plus nombreux que mes persécuteurs de Baltimore. Cette constatation apaise quelque chose en moi, même si le seul fait de savoir que Sierra et Chad sont là me fait frissonner.
Adam presse à nouveau Cole de le rejoindre, et ce dernier lui fait signe qu’il arrive avant de se pencher pour m’embrasser une nouvelle fois.
— Je t’aime. Ne l’oublie pas.
— Moi aussi, je murmure contre ses lèvres.
— Bonne chance, beauté. On se voit tout à l’heure.
Je le suis du regard alors qu’il trottine pour rejoindre les vestiaires, avant de me placer devant la glace, au moment même où le présentateur s’apprête à m’annoncer.
— Et pour bien commencer la soirée, nous vous présentons une routine exclusive de notre championne locale, Eden McShane, qui est également la responsable des groupes Juniors et Espoirs de notre club de patinage artistique. Elle a à son actif plus de médailles et de titres que je ne pourrais en citer, et nous fait l’honneur, cette saison, de faire l’ouverture des matchs des Xtreme d’Ashburn ! Eden McShane, sur un remix de Hit the Road Jack, par 2WEI et Bri Bryant.
Je m’élance sur la glace à l’aveugle, alors que la lumière ne s’y est toujours pas allumée. Je suis censée commencer ma routine en tournant le dos aux supporters de Baltimore. Mais je décide, au dernier moment, de leur faire face à la place. Même si la lumière ne me révèle pas encore, moi, je les vois, eux, et ce qu’ils représentent. C’est eux que je regarde lorsque je m’élance pour mon premier saut.
Contrairement aux qualifications pour l’équipe olympique où je les avais laissés m’atteindre assez pour me priver de ma passion, je ne laisse pas mes pensées prendre le dessus, ce soir. Je laisse la musique m’enivrer, son rythme m’animer tout entière.
Après cette performance, l’Eden qu’ils ont brisée n’existera plus.